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By Juan Menéndez-Valdés, Director of Eurofound
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Blog post -

L’Europe: un lieu de vie et de travail de premier plan dans le monde?

L’Europe: un lieu de vie et de travail de premier plan dans le monde?

«Un lieu de vie et de travail de premier plan dans le monde». C’est ainsi que le président Juncker a décrit l’Europe lors de la proclamation officielle du socle européen des droits sociaux le mois dernier à Göteborg.

Alors que les chefs d’État et de gouvernement de toute l’UE étaient réunis pour s’engager envers un ensemble de 20 principes et droits sociaux, le président de la Commission a affirmé: «[L’Europe] représente plus qu’un marché unique, plus que de l’argent [...]. Il s’agit de nos valeurs et de la façon dont nous voulons vivre.»

Comment vivons-nous exactement? Les 510 millions d’Européens des 28 (à ce jour) États membres de l’UE pensent-ils vraiment que leurs conditions de vie sont «de premier plan dans le monde»?

Si beaucoup le pensent certainement, il n’en demeure pas moins que de nombreux autres Européens affrontent toujours des inégalités et ont le sentiment de se trouver dans une situation d’exclusion ou de précarité, s’inquiètent de leur accès à un logement et à un emploi décents, et sont préoccupés par leur avenir et celui de leurs enfants. Ceci se reflète dans le sentiment populiste qui, à certains endroits, semble rejeter l’ordre établi: le bilan général semble donc largement négatif.

La réalité est toutefois, comme toujours, nettement plus complexe.

En réalité, ces dernières années ont été satisfaisantes dans l’ensemble et «l’Europe a (en effet) de nouveau le vent en poupe». Les résultats de la dernière enquête européenne sur la qualité de vie font état de progrès généraux dans les domaines de la qualité de la vie, de la qualité de la société et de la qualité des services publics. Nous avons observé des améliorations qui concernent certes des indicateurs faibles (liés à la crise économique), mais affectent de nombreux domaines. Dans certains cas, en effet, les indicateurs révèlent un retour aux niveaux antérieurs à la crise, ce qui reflète en partie la reprise économique générale et le retour à la croissance dans l’ensemble des États membres de l’UE.

Les niveaux d’optimisme ont augmenté, tandis que les niveaux de bonheur et de satisfaction à l’égard la vie restaient relativement élevés dans la plupart des pays de l’UE. La satisfaction envers les niveaux de vie a progressé dans une majorité d’États membres, et plus de personnes arrivent à joindre les deux bouts qu’en 2011.

De manière générale, la confiance dans les institutions nationales a augmenté, et les jeunes en particulier affichent une confiance accrue envers autrui. Une progression de l’engagement de la population et de sa participation aux organisations sociales et communautaires des États membres, ainsi qu’une diminution des sentiments d’exclusion sociale, plus répandus durant la crise, reflètent également un contexte plus favorable après la crise. En effet, les tensions perçues dans la société entre les pauvres et les riches, les dirigeants et les travailleurs, les personnes âgées et les jeunes, ou les hommes et les femmes, ont toutes décliné durant ces cinq dernières années.

De plus, contrairement à la croyance populaire, les Européens sont, en définitive, globalement plus satisfaits aujourd’hui des services publics critiques tels que les soins de santé et les transports, voire des services de garde d’enfants dans certains pays.

Jusqu’ici, tout va bien, semble-t-il.

Il est toutefois évident que nous avons encore un certain chemin à parcourir.

Alors que plusieurs pays, en Europe centrale et orientale pour la plupart, continuent à rattraper leur retard, d’autres ont interrompu leur processus de convergence vers le haut, et les écarts se sont même creusés dans certains domaines. La satisfaction envers les niveaux de vie, par exemple, a connu une progression particulière en Bulgarie, en Estonie, en Hongrie, en Irlande et en Pologne, tandis que la satisfaction à l’égard de la vie déclinait en Croatie, à Chypre, en Espagne, en Grèce et en Italie. Et de grandes différences demeurent entre les États membres, à la fois en termes d’accessibilité et de qualité des services de santé et de soins.

Des inégalités profondes persistent entre les genres, groupes d’âge et catégories de revenus.

Les femmes, par exemple, expriment des niveaux de satisfaction légèrement supérieurs à l’égard de leur vie que les hommes, mais continuent à assumer plus de travaux non rémunérés (tâches domestiques et soins). Le besoin croissant de soins de longue durée des personnes âgées (soins qui continuent à incomber davantage aux femmes) aggrave peut-être encore l’écart entre hommes et femmes dans ce domaine. Il est l’une des principales raisons sous-tendant les difficultés à atteindre un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Les personnes âgées, quant à elles, s’en sortent moins bien que les plus jeunes, notamment dans certains pays d’Europe centrale et orientale, et l’âge contribue clairement à la diminution de la satisfaction à l’égard de la vie en Bulgarie, en Croatie, à Malte, en Pologne, au Portugal, en Roumanie et en Slovénie. Dans les deux tiers des États membres de l’UE, plus de la moitié des répondants s’inquiètent également du niveau de leurs revenus durant leur vieillesse.

En fait, malgré la croissance qui a entraîné en cinq ans une réduction du nombre de personnes rapportant de graves difficultés matérielles, plus de la moitié de la population dans 11 États membres déclare encore avoir du mal à joindre les deux bouts. Comme toujours, les pauvres souffrent davantage, et les résultats montrent que la qualité de la vie a moins progressé pour les personnes appartenant aux catégories à faible revenu.

De nombreux Européens sont moins optimistes concernant l’avenir de leurs enfants que pour eux-mêmes. Ici aussi, des écarts sont visibles, avec un moindre optimisme au sujet des générations futures en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Grèce, en Italie, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en République tchèque, au Royaume-Uni et en Slovénie. En revanche, en Bulgarie, Finlande, Lettonie, Lituanie et Pologne, les gens pensent que les perspectives de leurs enfants sont meilleures que les leurs.

Enfin, dans le contexte du débat plus vaste et plus controversé sur les migrations et la mobilité dans l’UE, il est utile de noter que les tensions perçues entre différents groupes religieux et ethniques ont sensiblement augmenté dans certains pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Estonie, France, Italie et Malte en particulier). Ceci est vrai malgré une diminution générale des tensions perçues entre divers groupes de la société.

Tel est le tableau nuancé de la vie des citoyens de l’UE, tandis que les gouvernements, les autorités locales et régionales, les partenaires sociaux et la société civile s’apprêtent à appliquer le socle européen des droits sociaux.

Ces résultats de l’enquête européenne sur la qualité de vie soulignent la nécessité d’accorder la priorité aux groupes ou aux domaines qui en ont le plus besoin: les chômeurs de longue durée (davantage menacés par la pauvreté, l’exclusion sociale et les problèmes de santé mentale), dans le contexte du soutien actif à l’emploi; les femmes (qui continuent à assumer la majeure partie du travail domestique et des soins), dans le contexte des principes relatifs à l’égalité hommes-femmes et aux soins prodigués aux enfants; l’assistance aux soins et les services de soins, afin de consolider le droit à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée durant toute la vie active; les citoyens plus âgés et pauvres, dans le contexte du droit à l’adéquation des revenus et des retraites des personnes âgées; ainsi que la disponibilité inégale de services de qualité, dans le contexte du droit d’accéder en temps utile à des soins médicaux et sociaux abordables.

Ces exemples ne représentent que quelques-unes des initiatives décisives nécessaires pour que la réalité quotidienne des citoyens européens rejoigne les aspirations ambitieuses du socle. Pour que ce moment historique fasse date en Europe, nous devons traduire ces témoignages et données en faits concrets, afin de soutenir réellement «nos valeurs et la façon dont nous voulons vivre».

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