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Image © Eurofound 2021, crédits: Conor Healy / Picture It Photography
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Blog post -

Se relever de cette pandémie passe par un nouvel espoir pour l’avenir

Ivailo Kalfin

Dans toute l’Europe, l’«austérité» fut le mot clé avancé pour répondre à la crise économique de 2008, et ce sont les jeunes qui en ont payé le plus lourd tribut. Au sortir de la pandémie, les mots clés des politiques mises en œuvre sont «reprise» et «résilience». Ce choix de termes traduit une approche diamétralement opposée, qui promet d’être bien plus efficace et centrée sur l’humain. Toutefois, nous devons examiner et comprendre le coup que cette pandémie a porté aux jeunes, afin d’adapter à leurs besoins les mesures de reprise et de résilience et de leur fournir les outils pour construire activement leur présent et leur avenir. De récentes recherches d’Eurofound révèlent la vulnérabilité que connaissent les jeunes en termes de stabilité de l’emploi, d’inclusion sociale et de bien-être mental. Après les mesures immédiatement prises pour faire face à la crise, les problèmes anciens, qui avaient étaient relégués au second plan parce que le contrôle de la propagation du virus était primordial, refont surface et doivent être abordés. La situation précaire des jeunes en Europe figure au premier rang de ces défis: si nous ne leur donnons pas la priorité maintenant, nous ne pouvons nourrir que peu d’espoir pour l’avenir.

En français, un adage précieux nous conseille de «battre le fer tant qu’il est chaud» – c’est-à-dire d’agir quand tout va bien pour bénéficier d’une certaine sécurité quand tout va mal. Malheureusement, les diverses crises et perturbations de ces dernières années ont estompé les limites entre situation où tout va «bien» et situation où tout va «mal» – quand il convient d’investir et quand il faut se serrer la ceinture –, et ainsi contrecarré les efforts visant à élaborer et mettre en pratique les politiques cruellement nécessaires. Cependant, il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour traiter les questions importantes, au nombre desquelles figurent assurément les politiques pour la jeunesse.

Lorsque la pandémie de COVID-19 a frappé, les chiffres de l’emploi des jeunes s'inscrivaient toujours en contrecoup de la crise de 2008. Les progrès observés en matière de taux d’emploi, d’égalité de genre dans l’emploi et de réduction de la proportion de jeunes ne travaillant pas et ne suivant pas d’études ou de formation (NEET) étaient timides, mais tangibles. Le choc engendré par les confinements a inversé la tendance vers une plus grande cohésion et encore aggravé les écarts entre les différents groupes de la société.

Une pandémie polarisante

La COVID-19 a touché de manière disproportionnée les travailleurs temporaires – en particulier ceux pour lesquels le travail à distance était impossible, notamment dans le secteur des services, de la vente ou de l’hôtellerie, et ceux qui effectuaient des métiers manuels – , qui ont subi des pertes d’emplois, à savoir trois-quarts des pertes d’emplois nettes enregistrées dans l’UE en 2020. En revanche, les travailleurs permanents des catégories professionnelles non manuelles où le travail à distance était proposé ont largement échappé au chômage.


D’après une étude menée conjointement par Eurofound et le Centre commun de recherche de la Commission européenne, une perte d’au total cinq millions d’emplois a été enregistrée dans l’UE, au printemps 2020, par rapport à l’année précédente, entraînant un déficit d’un peu plus de trois millions d’emplois à la fin de l’année. Cette baisse de l’emploi était la plus forte chez les jeunes travailleurs et les femmes faiblement rémunérées.

Les répercussions de la pandémie sur le marché du travail ont constitué une véritable tempête pour la jeunesse européenne. En 2019, les jeunes travailleurs (de 15 à 29 ans) enregistraient les taux d’emploi les plus élevés, pour la plupart dans les secteurs qui seraient bientôt les plus touchés par la pandémie – 13 % travaillaient dans les services d’hébergement et de restauration, 11 % dans le commerce et 10 % dans les services artistiques et du spectacle. La plupart de ces emplois ont été suspendus ou supprimés en raison des confinements. Un autre groupe important de jeunes travailleurs (11 %) travaillaient dans le secteur des services de santé et de soins, où le nombre d’heures supplémentaires, la difficulté des conditions de travail difficiles et l’épuisement professionnel ont été extrêmes durant la pandémie. Plus de la moitié des jeunes dans l'UE étaient engagés dans le cadre de contrats temporaires (34 %) ou à court terme (22 %): bien souvent, ils étaient les premiers à devoir quitter l’entreprises lorsque celle-ci fermait ses portes ou licenciait du personnel.

Les conséquences de la pandémie sur le marché du travail ont provoqué une hausse du chômage chez les 15-29 ans de 1,4 point de pourcentage, pour atteindre 13,3 %, soit une croissance bien plus nette qu’au sein de la population plus âgée. Le taux de NEET a également augmenté de 1,2 point de pourcentage et s’élève désormais à 13,7 %.

Du fait de la tempête qui a frappé le marché du travail et du haut niveau de stress subi par les jeunes (même lorsqu’ils ont gardé leur emploi), on observe des chiffres très inquiétants un an après le début de la pandémie de COVID-19. Au printemps 2021, 17 % des jeunes inactifs ou au chômage dans l’UE indiquaient qu’ils risquaient de perdre leur logement parce qu’ils ne pouvaient plus le payer, 39 % n’avaient aucune épargne et 43 % avaient du mal à joindre les deux bouts. Plus de la moitié des jeunes vivaient chez leurs parents, ce qui était gage de sécurité pour certaines jeunes vulnérables, quoiqu’au détriment de leur indépendance.

Avant la crise, les indicateurs de bien-être et de niveau de satisfaction individuelle étaient plus élevés chez les jeunes qu’au sein de la population plus âgée. On observe aujourd’hui l’inverse: au sein de l’UE, les personnes âgées de 18 à 34 ans déclarent être plus susceptibles de se sentir déprimées, seules et anxieuses que celles âgées de plus de 35 ans. En outre, elles font montre d’un niveau de résilience plus faible face aux problèmes de l’existence. Une crise de la santé mentale sévit actuellement chez les jeunes en Europe, et il n’est pas certain que la hausse du bien-être mental des jeunes soit aussi linéaire que celle des indicateurs économiques. Il est possible que les décideurs politiques qui espèrent avoir le temps de trouver une solution aux inquiétudes des jeunes, compte tenu de la confiance que ces derniers envers les institutions et de leur optimisme traditionnel concernant l’avenir, finissent par se rendre compte que ces espoirs reposent sur des bases instables.

Assurer l’avenir de la jeunesse européenne

Si ces constants sont peu réjouissants, nous ne devons pas sous-estimer le nombre d’emplois sauvés pendant la pandémie grâce aux interventions de l’État et à son soutien fiscal, ainsi qu’à l’adoption massive du travail à distance. Des mesures destinées aux jeunes ont également été adoptées. Au niveau européen, des mesures ont immédiatement été prises, et le Fonds social européen a fixé des montants cibles de financement pour les jeunes. À l’échelon national, des initiatives ont été lancées afin de maintenir l’éducation des jeunes, de proposer des apprentissages et de renforcer l’accès à la protection sociale. Toutefois, nombre des mesures prises à ce jour en vue de réduire la vulnérabilité des jeunes face à la crise étaient temporaires. Nous avons désormais besoin de mesures à plus long terme, par exemple des améliorations permanentes de l’accès au travail et des mécanismes visant à augmenter la stabilité de l’emploi.

Outre des politiques liées à l’emploi, les jeunes Européens ont besoin d’une aide personnalisée et ciblée pour construire une famille – la garantie pour l’enfance faisant office de proposition idoine à cet égard –, trouver un logement accessible, mais aussi, et peut-être surtout, faire face aux niveaux élevés de stress et aux risques pour la santé mentale.

Les vastes actions ambitieuses nécessaires pour assurer l’avenir de l’actuelle génération de jeunes ne peuvent pas simplement être imposées aux citoyens par les instances de décision. La Conférence sur l’avenir de l’Europe consiste en une série de débats et discussions citoyens qui offre à tous les Européens l’occasion de partager leurs idées et d’aider à bâtir un avenir commun. Elle offre une plateforme permettant de comprendre les inquiétudes des citoyens et de fixer les mandats nécessaires à la prise de décisions. De même, la proposition de la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, visant à faire de 2022 l’Année européenne de la jeunesse, ne se limite pas à un simple discours: elle constitue une réelle opportunité pour les jeunes Européens de réellement prendre part aux décisions importantes qui les concernent. Cette proposition montre aux jeunes que les décideurs politiques ne se contentent pas de déclarer abstraitement que les jeunes représentent l’avenir, mais reconnaissent leur valeur au présent.


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